Derrière le motif : Une célébration de l’art et des cultures des Inuits, des Métis et des Premières Nations

C’est la première fois dans l’histoire de la Monnaie que trois artistes collaborent à la création d’un motif pour une pièce de circulation canadienne. Les artistes, chacune représentant des cultures et des antécédents différents, ont combiné leurs points de vue et leurs expériences pour créer une œuvre éblouissante et harmonieuse. Cultures, traditions et patrimoines imprègnent magnifiquement le motif créé par les artistes en mariant leurs sources d’inspiration respectives.

Ci-dessous, les artistes révèlent leur vision personnelle des éléments du motif qu’elles ont choisis et ce qu’ils représentent.

Premières Nations

3) Myosotis

Les fleurs de myosotis rendent hommage aux générations antérieures, aux survivants et à ceux qui sont passés dans le monde des esprits. Les cinq pétales symbolisent ce que nous ne devons jamais oublier : le génocide de nos peuples, les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, les enfants ayant fréquenté les pensionnats et externats, les survivants de la rafle des années soixante et nos anciens combattants. Les fleurs aux extrémités du motif contiennent un soleil levant, signe d’un jour nouveau et occasion pour tous les Canadiens et les Canadiennes d’aller de l’avant et de s’engager en faveur de la réconciliation.

4) Cercles et baies

Les quatre cercles à l’intérieur de la fleur principale et les baies représentent les quatre étapes de la vie, les quatre directions sacrées et les quatre saisons. Les baies, souvent utilisées dans nos cérémonies sacrées, nous rappellent d’honorer et de remercier la Terre mère pour ses dons de guérison et de subsistance.

5) Papillons

Les papillons symbolisent la transformation, la métamorphose et l’équilibre. L’ensemble du motif est équilibré, un rappel que nous devons mener une vie équilibrée favorisant la santé spirituelle, mentale, physique et émotionnelle.

L’artiste : Megan Currie

Megan Currie est une fière Dénée de la Première Nation d’English River. Ayant découvert sa culture grâce à l’art, elle a été grandement inspirée par le Groupe des Sept. Au fil des ans, elle a nourri sa croyance dans la souveraineté visuelle, qui guide l’ensemble de son travail. Fondatrice et directrice créative de X-ing Design, un studio de conception graphique entièrement détenu et dirigé par des Autochtones, Megan s’est taillée une réputation de chef de file en création autochtone. Sa vision unique de l’art autochtone et de la souveraineté visuelle transparaît dans son vaste portfolio. Son éducation planétaire, combinée à ses origines autochtones, lui confère un point de vue unique sur le design qui se reflète dans ses techniques, son style et son processus créatif.

Inuit

3) Vagues de l’océan

Les vagues de l’océan constituent un événement intemporel que les Inuits regardent dans l’attente de la chasse et des déplacements. Depuis des millénaires, ils occupent les côtes de l’océan Arctique qui relie familles et amis de l’Alaska au Canada, en passant par le Groenland et la Sibérie. La cueillette et les déplacements le long de la côte et par-delà les vagues déferlantes ont rapproché nos communautés. Génération après génération, le vaste océan Arctique a fourni des nutriments provenant de mammifères et de poissons. Durant mon enfance, ma famille a voyagé d’un camp de chasse à l’autre le long de la côte par bateau, traîneau à chiens, motoneige et avion. L’océan fait partie de moi, comme pour beaucoup d’autres garçons et filles inuits.

4) Inukshuk

L’inukshuk symbolise les gens, les directions, les liens, les cueillettes abondantes et nos ancêtres qui ont foulé le même paysage dont nous jouissons aujourd’hui. Il s’agit aussi d’un symbole que les Inuits de l’Est sont plus susceptibles d’utiliser que les Inuits de l’Ouest en raison de l’abondance des pierres dans l’est de l’Arctique et les îles de l’Arctique. J’ai choisi ce symbole après avoir passé un mois à faire de la randonnée dans le parc national Tuktut Nogait, à l’extérieur de Paulatuk, une petite communauté dans la région désignée des Inuvialuit. J’ai marché pendant 30 jours le long des rivières Hornaday avec trois autres personnes qui documentaient notre histoire à l’aide des artefacts archéologiques qui s’y trouvent. L’inukshuk raconte de nombreuses histoires de nos ancêtres. Je me souviens d’un moment magique où je suis arrivée au sommet d’une haute colline surplombant la rivière et où j’ai aperçu une ligne d’inuksuit qui s’étendait aussi loin que se portait mon regard. Représentant des humains, les inuksuit étaient utilisés pour diriger les troupeaux de caribous en migration vers une zone de chasse choisie où les attendaient des chasseurs, qui à l’époque utilisaient des outils traditionnels faits d’ardoise, de bois et d’os. Depuis cette expérience, je ressens un profond attachement pour les inuksuit : symboles des Inuits d’hier et d’aujourd’hui, et traces de nos ancêtres qui se sont tenus droits et la tête haute, un rappel de ne jamais abandonner.

5) Tresse delta

La tresse delta est un motif inspiré des ornements traditionnels qui ornent les vêtements inuits faits de fourrure, de cuir et de tissus, teints à l’aide de baies, de racines et surtout, d’ocre rouge pour se démarquer. Les motifs géométriques sont des éléments reconnaissables des vêtements inuits qui racontent l’histoire d’une famille, d’une communauté ou d’une région. Ces motifs, qui nous relient à nos ancêtres, sont souvent présents dans l’art et les vêtements inuits et sont adaptés aux tissus, aux perles et aux fils utilisés de nos jours. Lorsque j’ai cousu mon premier parka traditionnel de danse du tambour, l’inspiration pour la bordure m’est venue de ma famille d’Inuits de l’Arctique de l’Ouest, au Canada et en Alaska. J’ai reçu un parka en rat musqué de ma parenté de l’Alaska, sur lequel les motifs géométriques sont en vedette. Ma tante Annie m’a également donné un parka orné d’une tresse delta qu’elle a fabriquée elle-même. Cette forme d’art est typique des familles vivant dans la région du delta du fleuve Mackenzie. Ce type de bordure nécessite de la patience, de la couleur et un motif géométrique. C’est une forme d’art qui ressemble au peuple du delta ainsi qu’à nos voisins de la Nation Gwich’in qui ont des liens avec le delta.

6) Défenses

Les défenses de morse, un motif emblématique des vêtements inuvialuits, sont aussi propres aux Iñupiat de l’Alaska. Elles symbolisent les liens entre les Inuits de la région circumpolaire et me relient à mon histoire familiale. J’ai commencé mes études universitaires à l’Université de l’Alaska. Après l’obtention de mon diplôme, mon oncle Boogie et mon père m’ont offert un voyage à Barrow et à Kaktovik, en Alaska, pour visiter de la parenté. C’était la première fois que j’ai constaté le lien avec les vêtements que j’ai portés durant toute mon enfance et pris conscience de nos similitudes avec des Inuits d’ailleurs dans le monde. On retrouve encore les défenses de morse sur les parkas et d’autres formes d’art, comme la gravure, les vêtements et les accessoires.

L’artiste : Myrna Pokiak (Agnaviak)

Myrna Pokiak (Agnaviak) est une artiste inuvialuk de Tuktoyaktuk, dans la région désignée des Inuvialuit. Elle vit actuellement à Yellowknife avec sa famille.

« J’adore l’art, mais surtout, j’adore ma culture inuvialuite. C’est pourquoi j’ai à cœur de donner le meilleur de moi-même, sachant ce que mes ancêtres ont sacrifié pour les possibilités que je reçois aujourd’hui. Je crois qu’en tant qu’artiste d’une génération ayant principalement appris de la terre et de la mer, et élevée dans une maison en bois rond aux murs et aux planchers en tourbe, mon lien à la culture est incommensurable. Après tout, j’ai vécu dans une génération de changements où deux visions du monde s’affrontaient. Mon art est une représentation de mon vécu, et chaque motif que j’ai choisi y est lié de façon unique et émotionnelle, pour représenter ce qu’être inuvialuit signifie pour moi. »

Métis

2) L’écharpe métisse

L’écharpe est reconnue comme un élément de la culture métisse. Elle faisait traditionnellement partie des vêtements portés quotidiennement par les Métis (en général les hommes) pour des raisons tant esthétiques que fonctionnelles. Elle avait de multiples utilités : support, débarbouillette, bride ou couverture de selle, entre autres. L’écharpe est aujourd’hui portée par les Métis (hommes, femmes, personnes non binaires) en hommage à leur culture et à leur identité. On peut la porter à la taille, juste au-dessus des hanches, ou en bandoulière.

3) Une partie d’une roue de charrette de la rivière Rouge

Un des symboles les plus connus de la culture métisse, la polyvalente charrette de la rivière Rouge a directement contribué à la commercialisation de la chasse au bison et à la traite des fourrures. La charrette était faite de bois attaché par du cuir brut et équipée de larges roues concaves. Ces roues étaient bien adaptées aux conditions des prairies et permettaient la traversée de terrains boueux ou marécageux. La boîte de la charrette était montée sur l’essieu et pouvait contenir de grandes quantités de viande, de fourrures et d’autres biens essentiels à la chasse au bison ou à la traite des fourrures. Pour ajouter à la polyvalence de la charrette, les roues pouvaient être enlevées, permettant ainsi de mettre la charrette à l’eau et de s’en servir comme chaland ou, avec du cuir attaché au fond, comme bateau. L’hiver, moyennant quelques modifications mineures, la charrette pouvait également être transformée en traîneau.

4) Une fleur perlée à cinq pétales

Les fleurs à cinq pétales ont depuis longtemps été adoptées par les Métis, qu’on surnomme les « gens du perlage floral ». Les femmes métisses ont appris la broderie des Sœurs Grises. Lorsque les perles ont fait leur apparition, les Métis ont rapidement adapté cet art dans leur propre style. La fleur rappelle la rose des prairies ainsi que d’autres fleurs qui poussent dans cette région.

5) Une perle d’esprit

Le perlage métis incorpore souvent des baies, des feuilles et des « traces de souris » – de petites marques le long de la tige des fleurs évoquant les traces d’une souris dans la neige – ainsi qu’une perle d’esprit symbolisant l’humilité et la notion que rien ne peut être parfait. Le perlage était réalisé pour la famille, les chevaux et les chiens et symbolisait la fierté et l’amour des Métis pour leur culture.

L’artiste : Jennine Krauchi

Jennine Krauchi est une créatrice et artiste du perlage métisse. Elle a passé de nombreuses années à apprendre de ses aînés, tant métis que des Premières Nations. Jennine a confectionné de nombreux vêtements pour des dignitaires connus et a créé des répliques et des œuvres pour plusieurs musées au Canada comme en Europe. Elle a également réalisé des répliques pour Parcs Canada et le Musée du Manitoba. Jennine a enseigné le perlage métis partout au Canada et en Europe, a reçu l’Ordre de la ceinture fléchée du Ralliement national des Métis et s’est récemment vu décerner le prix Indspire Culture, patrimoine et spiritualité pour ses années de contribution à l’enrichissement de la culture métisse.

Le message le plus important que Jennine souhaite transmettre est celui-ci : « Préservons notre culture, qu’elle soit métisse, inuite ou des Premières Nations, et transmettons ce savoir à nos générations futures. »

La célébration au cœur de votre collection : découvrez-en plus sur la Journée nationale des peuples autochtones et la pièce de circulation commémorative 2023 soulignant cette occasion.

Merci aux incroyables artistes qui ont exprimé leur art sur ces pièces et aux nombreuses personnes et organisations qui nous ont fait don de leur temps pour nous aider à créer une pièce aussi importante et chargée de sens.