Un symbole d’espoir et de fierté nationale
À la mise à l’eau du Bluenose le 26 mars 1921, le monde en était encore à se remettre des horreurs de la Première Guerre mondiale et de la funeste pandémie de grippe espagnole. Le pays avait grandement besoin d’une histoire réconfortante, et le Bluenose lui a offert de multiples occasions de se réjouir.
Le Bluenose voit le jour après la victoire des États-Unis à la première International Fisherman’s Cup Race (1920) – victoire décrite comme un « triomphe de l’américanisme » par Calvin Coolidge, alors gouverneur du Massachusetts. Le navire est conçu, bâti et mis à l’eau dans l’espoir de ramener le trophée en Nouvelle-Écosse et de restaurer la fierté de la flotte canadienne (et du Canada lui-même). Et c’est exactement ce que fera le Bluenose durant sa première année en mer.
Tout au long des années 1920 et 1930, la fierté de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, captive la nation et rassemble tous les Canadiens. Après une première victoire en 1921 contre l’Elsie, un adversaire américain, le Bluenose fait la une mondiale grâce à ses exploits de course : une victoire contre le Henry Ford en 1922, une égalité controversée (et âprement contestée) avec le Columbia en 1923 et deux victoires contre le Gertrude L. Thebaud, en 1931 puis en 1938, bien que cet adversaire américain ait infligé au Bluenose une rare défaite lors de la Lipton Cup de 1930.
Lorsque la « goélette de pêche, voiles déployées » d’Emanuel Hahn figure pour la première fois sur la pièce de 10 cents, en 1937, le navire ayant inspiré l’œuvre s’est déjà imposé comme un ambassadeur sympathique du Canada, notamment par sa présence à la foire internationale de Chicago et au jubilé d’argent du roi George V. Champion invaincu des adversaires pendant deux décennies, le Bluenose insuffle la confiance à une jeune nation par ses exploits de course. C’est un symbole de fierté qui perdure encore aujourd’hui.
Un symbole de résilience, de persévérance et d’effort
Malgré toute la gloire et les honneurs, le Bluenose était avant tout un navire de pêche fonctionnel. Derrière ses victoires se cachent plusieurs saisons de pêche difficiles au large, mais aussi des prises records qui ont assis sa réputation comme « highliner » de la flotte de Lunenburg.
Les prouesses de course du Bluenose ont contribué à la notoriété internationale des Grands Bancs pour la pêche. Toutefois, aux yeux des Canadiens, et surtout des Néo-Écossais, le Bluenose représente avant tout l’ingéniosité, le savoir-faire, l’histoire navale, les traditions maritimes et les talents d’ici. C’est un symbole bien-aimé de la résilience et de la ténacité des braves qui font de la mer leur gagne-pain. Et personne n’incarne mieux cette description que le capitaine du Bluenose, Angus Walters.
Dès le tout début, Walters est un pilier des réussites du Bluenose : il supervise la construction et mène le navire jusqu’à la victoire avec une ferveur qui frise l’obsession. Cet ancien dorissier laissera un héritage intimement lié à celui du Bluenose. Malgré sa retraite en 1940, il reste propriétaire du navire jusqu’en 1942, année où l’accumulation de dettes et la perte d’intérêt pour la goélette vieillissante le forcent à la vente. La West Indies Trading Company achète alors le Bluenose et s’en sert comme d’un navire de charge dans les Caraïbes. En 1946, la goélette sombre près des côtes d’Haïti, une fin peu glorieuse pour ce champion de course canadien.
Un morceau de notre passé
Aujourd’hui, le Bluenose est toujours présent dans ces images qui apportent joie et inspiration aux Canadiens, notamment sur nos pièces où il figure.
Au fil des années, nous avons vu bien des collectionneurs raconter leurs histoires sur le Bluenose et parler de ce que le motif de la pièce de 10 cents représente pour eux. Pour beaucoup, la présence du Bluenose sur la monnaie contribue à préserver son héritage et le souvenir de l’ère de la voile, révolue mais jamais oubliée.
Le motif de la pièce canadienne de 10 cents souligne notre capacité à surmonter les éléments et notre résilience. C’est un rappel que les efforts et la persévérance triomphent réellement de l’adversité. D’ailleurs, peut-être est-ce la raison pour laquelle nous racontons encore l’histoire du Bluenose aujourd’hui, presque un siècle après la première fois où le vent de l’Atlantique Nord a gonflé ses voiles.
Photos : W.R. MacAskill, Nova Scotia Archives
« Bluenose » est une marque officielle adoptée et utilisée par le ministère des Communautés, de la Culture et du Patrimoine de la Nouvelle-Écosse conformément à la Loi sur les marques de commerce (Canada). Cette marque est utilisée par la Monnaie royale canadienne avec la permission de ce ministère.